Malgré les multiples alertes relatives aux irrégularités et dysfonctionnements qui entachent le processus préparatoire en cours, une élection présidentielle se tiendra au Togo dans moins d’un mois, conformément aux annonces faites par la Cour constitutionnelle et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Après l’analyse des scrutins qui se sont tenus au Togo depuis 2003 et le relevé des incongruités liées au fichier électoral, Synergie-Togo a recommandé, le 27 février 2015, un audit approfondi du nouveau fichier électoral. L’association se propose de participer à ce travail afin de contribuer à restaurer la confiance entre les parties prenantes à cette élection et garantir la transparence du scrutin. Au Sénégal en 2011, un tel audit a été réalisé à la satisfaction de l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile.
De notre point de vue :
- en l’absence des réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées avec insistance depuis 2006,
- faute d’un respect strict par les institutions des dispositions de la loi électorale,
- en l’absence d’une réelle indépendance de la CENI vis-à-vis du pouvoir exécutif,
les principaux critères de transparence, de justice et d’équité reconnus par les standards internationaux ne seront pas garantis lors du scrutin présidentiel unilatéralement fixé par le gouvernement au 15 avril 2015, contre la date proposée par la CENI.
Conséquence de la précipitation du gouvernement et de Mr Faure Gnassingbé, candidat sortant, la Cour Constitutionnelle observe, dans sa décision N°EP-02/15 du 11 mars 2015 relative à la liste définitive des candidatures à l’élection présidentielle du 15 avril 2015, qu’il “ressort du rapport du Ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et de l’examen des pièces des dossiers que les dossiers de candidature de Messieurs TAAMA Komandega et TCHASSONA TRAORE Mohamed comportent des insuffisances mineures”. Cependant, la Cour estime, que les insuffisances relevées “ne sont pas de nature à entacher la validité de leurs candidatures”. Synergie-Togo rappelle que cette même Cour avait, en 2010, rejeté la candidature de monsieur YAMGNANE Kofi pour des insuffisances non moins mineures.
A plusieurs reprises, les partis politiques de l’opposition ainsi que la société civile ont alerté les opinions publiques et internationales sur ces graves défaillances afin de prévenir les conséquences désastreuses qui pourraient naître d’un scrutin inique et prolonger ainsi la crise interminable que les Togolais vivent depuis des décennies. A l’évidence, l’élection présidentielle prévue le 15 avril 2015 ne permettra pas au Togo de rentrer dans la liste vertueuse des pays africains où la démocratie prend véritablement racine et corps.
En conséquence, Synergie-Togo réitère son appel aux acteurs politiques et de la société civile togolaise ainsi qu’à la communauté internationale pour qu’ils exigent un audit approfondi du fichier électoral, préalable à toute poursuite des opérations liées à l’élection présidentielle.
Synergie-Togo salue toutes les initiatives courageuses qui n’ont cessé de se développer depuis la mise en évidence des graves dysfonctionnements du processus électoral en cours et exprime sa gratitude à toutes les forces vives qui continuent de manifester leur engagement en faveur de la démocratie au Togo.
Pour Synergie-Togo, la Présidente
Brigitte Ameganvi
Paris, le 22 mars 2015