Communiqué de la campagne ‘Tournons la page’ –
France, Paris, 1er décembre 2015
L’Afrique, qui compte de très nombreux pays sur les 195 présents à la COP21, est au cœur de la négociation sur le climat. Une vingtaine de chefs d’Etat africains rencontrent ce jour le président François Hollande. Les peuples d’Afrique figurent parmi ceux qui ont le plus à souffrir d’un réchauffement de la planète. Les pénuries d’eau et d’alimentation menacent ; le choix qu’elle fera d’un modèle énergétique peu ou fortement carboné est déterminant dans notre capacité collective à limiter les émissions ; la préservation de ses forêts – en particulier celle du Bassin du Congo – est un point essentiel pour séquestrer le carbone.
Or un des principaux freins à la transition énergétique en Afrique, ce sont les dictatures, des régimes fossilisés. Tant que la rente pétrolière sera accaparée par des clans dictatoriaux au pouvoir, comme c’est le cas notamment en Angola, au Gabon, en République du Congo, en Guinée équatoriale, au Cameroun ou au Tchad, comment envisager un renoncement aux énergies fossiles (ici le pétrole), pourtant indispensable pour éviter un réchauffement supérieur à 2° ? Tant que la déforestation enrichira des entreprises et des proches du pouvoir à Kinshasa ou à Yaoundé, qui la préservera ?
L’or noir et la déforestation sont des malédictions non seulement pour la planète, mais aussi pour les populations des pays concernés. Elles sont prises en otage par et pour cet argent qui souille tout et les a laissées en marge des Objectifs du Millénaire (OMD). Faut-il continuer à priver un pan de l’humanité de développement durable, d’accès à la justice et à la paix garanties par des institutions efficaces et responsables ? Est-ce que le président Denis Sassou Nguesso peut faire oublier son coup d’Etat constitutionnel en venant participer aux négociations ? Est-ce avec des adversaires de la démocratie, qui s’accaparent toutes les richesses nationales, qu’il faut négocier une justice climatique qui passe par la sortie de l’ère des énergies fossiles?
Il n’y aura pas de transition énergétique en Afrique sans soutien des pays riches. Mais ce soutien sera inefficace s’il n’y a pas de réelle transition démocratique. Tournons la Page dénonce la répression quotidienne, les atteintes aux droits humains, les coups de force, les violations répétées du droit international et de leurs propres constitutions par lesquels ces régimes se maintiennent au pouvoir. Sans démocratie, les citoyens africains ne pourront pas participer pleinement à la définition des politiques sur le climat.
« Tournons la page » a choisi et invite la communauté internationale à tourner la page des régimes fossiles. L’énergie démocratique, elle, est renouvelable.
Campagne Tournons la Page – France,
Paris, 1er décembre 2015